MINES DE CHARBON

MINES DE CHARBON

La grêve de 1963

 

Mars 1963
Grève et solidarité dans le Bassin Minier


 

En 1963, du 1er mars au lundi 8 avril, les mineurs français sont en grève. Les revendications concernent principalement les salaires. Le mineur, qualifié de "premier ouvrier de France" au lendemain de la seconde guerre mondiale, se sentait quinze ans plus tard rejeté d'une économie qu'il avait pourtant largement contribué à relever. En 1962, on lui refusa une hausse de salaire de 0,77% accordée pourtant aux autres entreprises du secteur public. Les mineurs veulent donc une augmentation de 11% sur leur fiche de paie qu'ils considèrent comme un simple rattrapage.

Le 29 novembre 1962, une grève du rendement est décidée par la C.G.T. pour le 16 janvier 1963. Le 21 décembre, la Fédération nationale F.O. lance également une grève du rendement. La C.F.T.C propose la grève générale pour le 22 janvier 1963 mais le mot d'ordre de grève n'est pas suivi. Les résultats corrects de ce conflit incitent les syndicats à poursuivre les actions revendicatives.

Une première tentative de grève générale regroupant la C.G.T., la C.F.T.C et F.O. est prévue pour le 1er février mais elle est repoussée par le retrait de la C.G.T. qui suit les conseils du syndicaliste Benoît Frachon. Celui-ci pense que les mauvaises conditions climatiques peuvent faire perdre au mouvement le soutien de l'opinion publique. L'hiver est rude et la population n'aurait pas forcément compris le pourquoi d'une grève alors qu'il faisait si froid et que le gouvernement semblait vouloir négocier.

Le 15 février 1963, les pourparlers échouent et sont rompus. Le 22 février, la grève générale est décidée. F.O., la C.F.T.C. et la C.G.T. décident la grève illimitée à partir de 1er mars 1963. Le samedi 2 mars, le Général de Gaulle signe à Colombey-les-Deux Eglises le décret autorisant la réquisition du personnel des Houillères du bassin et des Charbonnages de France. Ce geste renforce la conviction des grévistes. Leur lutte devient un bras de fer avec l'Etat. Ils sont décidés à se battre jusqu'à ce que "Charlot" cède à leurs revendications.

Le mouvement surprend par son ampleur : c'est un conflit de trente-huit jours qu'une importante partie de la population soutient en exprimant sa solidarité et en aidant les mineurs par des envois d'argent ou de marchandises. C'est une grève qui dépasse également le simple cadre national ou sectoriel. Les grévistes reçoivent une aide matérielle et financière importante provenant de nombreux pays; de nombreuses grèves sont organisées en France pour soutenir les mineurs et constituent autant de mouvements périphériques qui encouragent les mineurs à poursuivre la lutte.



Ce qui est remarquable dans ce conflit de 38 jours, c'est l'ampleur de la solidarité que celui ci a déclenché. Pour Hélène Coulonjou, c'est "Sans doute la dernière grève qui a suscité un tel élan de solidarité envers une corporation en déclin".

Quelle a été l'importance réelle de la solidarité dans la poursuite du conflit ? Les souvenirs la décrivent primordiale, décisive et incroyablement développée; à un tel point que parfois cette solidarité semble éclipser le conflit qui l'a engendré. Pour Achille Blondeau, "La grève des mineurs fut l'affaire du peuple tout entier". Cette solidarité forte entre un pays et un groupe socio-professionnel mérite vraiment de faire l'objet d'une étude qui, débordant du simple contexte d'un conflit salarial, présente l'intérêt de nous plonger au coeur de la société française des années soixante.



17/03/2008
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