APEC
Les mines de charbon,
C'était encore hier, chez nous…
Combien d'Angevins écarquillent grand leurs yeux lorsqu'au hasard d'une discussion, on leur évoque le passé houiller de leur province ?
C'est vrai que le charbon de
Certes, les débuts sont flous et incertains (1), mais l'histoire des dernières exploitations est bien connue et certains peuvent encore en témoigner. Elle coïncide exactement avec l'histoire tourmentée du XXème siècle. Je vous propose de retracer, succinctement, l'histoire de nos houillères au siècle dernier…
La célèbre (2) exploitation de Désert –
Mais tout n'est pas terminé pour autant car, en parallèle, une petite exploitation survit tant bien que mal. Il s'agit de la mine de
Le puits de
1921.
C'est aux Malécots (ou Malescots), site exploité à de multiples reprises par les anciens, que les recherches de l'après-guerre furent les plus fructueuses. Pendant
L'entre-deux guerre est bien calme et le charbon nécessaire est importé des charbonnages des grands bassins français (Nord, Lorraine, Centre…). Il faut attendre les années 40 et la seconde guerre mondiale pour observer de nouveau des fouilles de recherche.
C'est en effet en 1941 que Mr Gousset, propriétaire du Clos de l'Aiglerie à St Aubin, décide de gratter un affleurement dans son terrain. Il ouvre une petite exploitation, entièrement sous contrôle allemand, et extrait quelques tonnes de combustible. Dès 1942, l'entreprise Bessonneau d'Angers (fabricant de cordage en chanvre) reprend l'affaire à son compte. La compagnie creuse trois puits, dont l'un à plus de 45 m. Cette petite mine, dont les résultats ne furent jamais vraiment concluants, disparaît avec l'armistice de 1945.
Bessonneau a, entre temps, entreprit des travaux aux Malécots (voir plus loin). Au même moment, d'autres recherches ont lieu.
La même société se tourne alors vers le lieu-dit des Bruandières en 1942, à St Aubin. Elle sonde d'abord à
Un puits d'aérage est creusé et débouche près de l'Aiglerie.
A la suite de la fermeture du site en 1923, on remblaie les puits sans avoir sorti tout le charbon. Cette opportunité est saisie en 1942 par
85m. Un plan incliné démarre ensuite de ce niveau.
Très vite, les établissements Bessonneau gèrent eux-mêmes les travaux et modernisent l'exploitation. Les besoins d'après-guerre sont énormes. Un travail de reconnaissance, long et fastidieux, et une estimation du tonnage extractible sont réalisés. Un permis d'exploitation est accordé en 1949 et l'exploitation peut réellement commencer. En 1954, un deuxième puits est creusé, à l'Ouest du « Petit Puits », pour l'aérage des travaux souterrains.
Au plus fort de l'activité, la petite mine des Malécots emploie une cinquantaine d'ouvriers, dont trente au fond (photo ci-contre). 5000 tonnes sont en moyenne extraites par an, et tous les jours, deux camions remplis de charbon faisaient l'aller-retour Angers Chaudefonds. Aucun coup de grisou, aucun coup de poussier et aucun éboulement grave n'est à déplorer. Les mineurs se souviennent juste de la mort d'un des leurs, écrasé entre la cage et le puits lors d'une remontée. Il n'avait pas suivi les consignes. Pourtant, les techniques sont artisanales (comparées aux autres mines françaises à l'époque). Au fond, pas d'électricité car c'est trop dangereux. L'air comprimé est la seule énergie admise. C'est elle qui fait fonctionner les lampes, les marteaux-piqueurs, les foreuses et les pompes. Les « gueules noires » descendent par une cage – suspendue à un chevalement en bois – qu'un treuilliste manœuvre avec précision.
Après 15 années de production, le permis d'exploitation arrive à terme. Bessonneau décide alors de fermer la mine. Ce n'est pas qu'il n'y a plus de charbon au fond, c'est plutôt une histoire de rentabilité. Le fuel coûte moins cher.
Plusieurs mineurs de fond sont embauchés dans les exploitations proches (Fer à Segré, Uranium en Vendée et Ardoise à Trélazé). Mais pour beaucoup, c'est une réorientation professionnelle difficile qui les attend. Et ce, parfois avec une silicose naissante qui ne va qu'empirer.
Vous l'avez compris, l'année 1964 marque bel et bien la fin de l'extraction du charbon en Anjou, et par la même occasion dans le bassin houiller de
L'oubli ne doit surtout pas s'installer. Même si notre charbon n'est pas rentable à exploiter, une période de grande récession fera peut-être renaître, un jour, des exploitations sur le sol Angevin…
Ce texte est inspiré de nombreux ouvrages et documents, mis à jour à l'occasion des recherches sur l'histoire minière du bassin houiller de
(1) Dès le XVème siècle à Rochefort, au Vaujuet, juste avant
(2) Célèbre pour ses exploits techniques et ses illustres exploitants : MM. Las Cases et Triger.
(3) Foncer : action de creuser verticalement.
(4) Cage : ascenseur pour le personnel et les wagonnets de charbon.
(5) Travers-banc : galerie de recherche creusée dans le roc, et souvent perpendiculaire aux veines
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