MINES DE CHARBON

MINES DE CHARBON

LES PREMIERES EXPLOITATIONS EN 1650 DU BASSIN DE FUVEAU

Les différentes couches de charbon du système dit de Fuveau présentent de nombreux affleurements dans les environs de Valdonne à cause du soulèvement voisin de la Pomme, et par la suite de plusieurs failles montantes, l'extraction était effectuée depuis les débuts de 1639 jusque vers 1840 au moyen de descenderies dirigées par la couche, ou de petits puits inclinés à 45° à travers banc. L'abattage du charbon paraît s'être fait pendant longtemps au moyen de pics seulement. Depuis l'époque où la poudre fut employée jusque vers 1850, les ouvriers ne se servaient pas de mèches pour allumer leurs mines, mais usaient d'un procédé assez ingénieux : Ils pratiquaient une incision longitudinale sur un jonc, en extrayaient la moelle, et la remplaçait par des grains de poudre. Le feu était ensuite communiqué par de l'amadou ou par une petite traînée de soufre en poudre allumé par un briquet. Vers 1776 le docteur Darluc constata qu'à Gréasque, les ouvriers se servaient de la poudre à canon pour faire éclater la poudre qui sépare les couches de charbon.

 

DE 1650 à 1805 il y eut de nombreux chantiers ouverts/ 1700 à Gardanne, 1743 à Belcodene, Auriol, Mimet, 1745 à Fuveau, 1755 à Gréasque, 1768 à Peynier, 1787 à Trets. En 1805 51 puits avec 92 piqueurs ou mineurs et une centaine de gosses remontaient le charbon sur leur dos. Ces petites exploitations s'épuisaient vite, il y avait déjà 267 puits abandonnés.

 

En 1809 il n'y avait encore que des descenderies suivant la pente de la couche et les puits inclinés à 45° rejoignaient les couches à travers bancs. Du rapport de Mr Mathieu 1805 résulta en 1809 une première réglementation des concessions perpétuelles. La concession de Gréasque et Belcodène fut en faveur de la dame de Cabre et de Louis Joseph de Castellane, surface de 1773 hectares modifiée par ordonnance du 11 Février 1818 et par décret du 18 juin 1853 et ramené à 1057 hectares. La grande concession accordée au sieur Ferry Lacombe, Dubreuil et Compagnie 6751 hectares modifiée par ordonnance du 11.02.1818 qui a rectifié les limites en faveur de Gréasque-Belcodène. Le système de concession a permis de mieux coordonner les travaux de façon plus ordonnée, s'opposant ainsi au gaspillage du gisement.

 

De l'agriculture à la mine. En 1820 le 1er puits vertical, le puits Dubreil de 70 m de profondeur, est foncé. L'extraction est faite au moyen d'un manège, d'abord mû par 12 à 20 hommes, ensuite par des chevaux. Sous le règne de Louis Philippe en 1830, Gréasque connaît son 1er événement industriel. Un puits vertical est foncé, le puits St Jacques patron de la paroisse. Il se trouvait au milieu de l'actuel lotissement des castors. Il est le 1er de la région à grande profondeur et permettait l'extraction du charbon et le pompage des eaux, tous les deux à la vapeur.

 

Le charbon était l'élément indispensable pour faire tourner les usines de l'industrie marseillaise en plein essor. Le transport était assuré par des charretiers qui s'organisaient en convois de 15 à 20 charrettes et, armés de gourdin et de leur fouet, pouvaient faire le trajet Gréasque- Marseille en passant par Plan- de- Cuques et la Bourdonnière sans se faire attaquer. A l'aller ils transportaient du charbon et du ciment et au retour les charrettes étaient chargées de marchandises diverses : huile, savon, bougies, sucre, riz, pâtes, etc. Après la révolution de 1848 qui renversa le roi Louis Philippe, le suffrage censitaire fut supprimé et le suffrage universel fut institué par la II république : tous les français âgés de 21 ans devenaient électeurs. En 1859, avec l'accord du gouvernement impérial, les compagnies Lhuillier et Armand fusionnèrent pour former la société nouvelle des charbonnages des Bouches du Rhône, nom conservé jusqu'à la nationalisation de l'industrie charbonnière en 1946.

 

En 1876, on comptait déjà à Gréasque 442 mineurs, dont 155 femmes. Les fours à chaux se multipliaient. Rien que sur la route de Fuveau, aux Paillasses et sur l'ancienne chaussée romaine de Gréasque à Belcodene, il y en avait plus de 15. La mine par la force des choses, devint le moyen de vivre pour la plupart des habitants de Gréasque. Les agriculteurs du siècle devinrent des mineurs agriculteurs, c'est à dire que leur salaire de mineur était complété par un revenu agricole comme la vigne, le petit élevage familial et le jardin potager. Les mineurs se louaient selon la saison pour les vendanges, non seulement à Gréasque mais dans tous les villages du Bassin Minier. Le 19 mars 1912, Mr Victorin Rigaud fut élu Maire de Gréasque avec comme adjoint, Henri Fadat et se fut pendant son mandat que la grande guerre eu lieu. Tous les hommes valides furent mobilisés et les travaux de la mine confiés aux seuls étrangers et aux femmes. Victorin Rigaud étant décédé et Henri Fadat tué à la guerre, ce fût Benjamin Moustier (le père de notre regretté concitoyen Esprit Moustier) qui assura le poste de Maire jusqu'à la fin de la guerre. Ce fut lui qui fît transférer la brigade de gendarmerie de la Bouilladisse à Gréasque

 

Avec l'entrée en fonction du Puits Hély d'Oissel, c'est le sommet des activités que connaît notre village pendant la première moitié du XXe siècle. Au début de 1929, il y avait à Gréasque, sur une population totale de 1806 habitants, 986 étrangers mais, après la crise économique de 1929 et ses répercussions sur l'économie mondiale, les licenciements des ouvriers étrangers firent que  beaucoup d'entre eux optèrent pour solliciter la nationalité française, seul moyen de pouvoir garder l'emploi. Le chômage s'intensifia de plus en plus, la direction des Houillères ne garda que les ouvriers français ou naturalisés français. Les étrangers furent mis à la porte et dans le meilleur des cas, envoyés à Biver et Meyreuil, mines plus dures et dont la totalité des ouvriers étaient des étrangers, sauf les cadres. De 1931 à 1935, Gréasque connût une période sombre de chômage. Les mineurs français mobilisés, ce furent les réfugiés du Nord, les Belges et les réfugies espagnols anciens combattants de la guerre d'Espagne, qui prirent la place des ouvriers dans les chantiers du Nord de la mine.

 

Le 19 Août 1944 Gréasque était Libérée. Les armées alliées, un millier de bâtiments, 2100 avions, la 7eme armée américaine du général, Patch débarquent entre Toulon et Nice avec 60.000 hommes, 6.000 véhicules, 50.000 tonnes des ravitaillements. A Gréasque le puits de mine devient un centre actif de la résistance à l'ennemi. A ce moment là, le moyen de transport principal, c'est le chemin de fer. Le charbon est une énergie indispensable pour les allemands car toutes les locomotives fonctionnaient au charbon. Pour la résistance le mot d'ordre est de réduire la production au minimum. Au fond comme au jour, les sabotages ont lieu. Dans le même temps, le fond de la mine est devenu un refuge qui permet de protéger des centaines de juifs, de résistants et surtout de jeunes qui étaient requis de force pour aller travailler en Allemagne. Celle - ci manque de main d'œuvre et décide de réquisitionner les jeunes des pays qu'elle occupe. Chez nous, grâce à la complicité de la direction des Houillères et aussi de la gendarmerie,  de nombreux jeunes de la région échapperont à cette déportation en se faisant embaucher par la mine. C'est l'histoire entres autres de Francis Frégier, bien connu dans notre village, qui est aujourd'hui retraité mineur. Il apprend que l'embauche à la mine peut le sauver. Il se rend à la rue Sylvabelle à Marseille où se trouve le siège régional de la direction des Houillères.

 

Un certificat d'embauche lui est remis et sans attendre, il se rend à Aubagne, prend le train qui le conduit à Gréasque. Il découvre une solidarité qu'il ne soupçonnait pas. Il est reçu par le chef d'exploitation Edouard Amalbert qui est impliqué dans la résistance. F. Frégier adhère immédiatement à la résistance et va participer à de nombreux sabotages, à la distribution nocturne de la presse et des tracts clandestins. La résistance à Gréasque a pour commandant Albert Parny, dit " le blond " capitaine des FFI et responsable de liaison avec la presse, c'est Jean Mourgues. Parmi les résistants Gréasquéens, il y avait notamment le docteur Moustier , le docteur Serveti, mais aussi Gros Henri dit " Kiki ", Pierre Romeï, Louis Ausseil, les frères Cinto, Marius et José, d'autres encore, dont certains qui souhaitent rester anonymes. En cette fin 1943, la production charbonnière est considérablement réduite, alors que les effectifs du fond sont en augmentation constante. (de 1.200 mineurs, les effectifs passèrent à 1.500). Cette situation ne cesse d'irriter et surtout contrarier les autorités occupantes.

 

L'état major ennemi se doute bien qu'il y a " anguille sous roche ". Mais le sang froid de la direction et des mineurs évitera qu'il y ait  des représailles, qui auraient entraîné, on s'en doute, des conséquences tragiques. Au début de l'année 1943, c'est la destruction des quartiers du vieux port à Marseille par l'armée allemande, avec la complicité des collaborateurs français.

 

Une rafle massive en avait chassé auparavant les habitants, dont une partie avait été déportée dans les camps d'extermination, l'autre avait été dispersée dans les environs de Marseille. C'est ainsi que les Gréasquéens ont vu arriver dans le village, quelques unes de ces familles traumatisées par ces événements, souvent amputées d'un ou plusieurs de leurs membres, dont ils n'auront jamais plus de nouvelles. Après avoir travaillé à la mine plusieurs années, (les femmes au criblage), certains sont retournés à Marseille, d'autres sont restés à Gréasque.

 

Le Pôle Historique Minier de Gréasque, ouvert au public depuis le 6 novembre 2000, montre un ancien puits de mine de charbon, le Puits Hély d’Oissel.

Ce dernier a fonctionné de 1922 à 1958, son âge d’or se situant dans les années 50-55.

 

L’exploitation du charbon avait une grande place sur le bassin minier de Provence, sa production de charbon atteignant le 3ème rang français en 1948, à titre d’exemple.

 

Par conséquent, la sauvegarde et la diffusion de ce patrimoine minier provençal revêtent une importance historique. Le Pôle Historique Minier témoigne de cette volonté en incarnant un emblème de l’histoire minière locale, d’autant mieux qu’il n’existe aucune autre structure de cet acabit, restaurée et ouverte au public, dans le département.

 

Le Pôle Historique Minier propose des visites autour de thèmes riches et variés : des thèmes transversaux à la mine tels que la formation du charbon, son impact sur l’aménagement du territoire, son exploitation, le métier de mineur et les dangers qui lui sont inhérents…mais aussi des aspects spécifiques au puits Hély d’Oissel grâce au treuil d’origine qui permettait les mouvements de la cage, des maquettes redonnant vie au puits…

 

La structure a la vocation de ne pas être exclusivement tournée vers le passé, mais également ouverte sur le présent et l’avenir afin d’être en prise directe avec l’actualité, à l’aide d’une muséographie présentant des matériels récents utilisés aujourd’hui encore.

Venez découvrir l’univers minier de la Provence, souvent méconnu, grâce au Pôle Historique Minier !

 

Info : http://www.ville-greasque.fr/frameD/ville/p18.htm



11/04/2009
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